Démographie, transport, tourisme, associations, culture… les collectivités récupèrent une foule de renseignements sur leur territoire. Et si ces informations étaient mises à la disposition de tous, quel en serait l'intérêt ? Dans la logique de "gouvernement 2.0"1 prônée par le World Wide Web Consortium (W3C), cela permettrait d'abord, d'un point de vue moral et éthique, plus de transparence et d'interactions dans la vie démocratique.
Mais cela débouche aussi sur de nombreuses innovations utiles dans la vie de tous les jours : à New York, l'application Bookzee, par exemple, propose de trouver la bibliothèque la plus proche qui dispose d'un ouvrage précis. Dans les pays qui ont déjà passé ce cap (États-Unis, Canada, Australie, Royaume-Uni…), la mise à disposition des fichiers élaborés par les administrations a permis de développer de nombreuses applications mobiles portées par des start-up.
Ces jeunes entreprises ont ainsi créé de nouveaux emplois… tout en faisant économiser de l'argent aux collectivités ! Car créer une application sur mesure coûte entre 5 000 et 15 000 €, alors qu'une banque de données libre sera valorisée par toute une communauté de bénévoles.
Pour être considérées comme "ouvertes", les données doivent réunir huit critères, selon l’association nantaise spécialisée sur ces questions, Libertic : elles doivent être "complètes, primaires, opportunes, accessibles, exploitables, non discriminatoires, non propriétaires et libres de droits". Il faut aussi noter qu'elles ne sont pas toutes exploitables : celles qui touchent à la sécurité, à la vie privée et au droit ne sont pas concernées par l'ouverture au grand public.
Révolution protéiforme
Hackhaton le 4 décembrePorté avant tout par des pionniers du web participatif et des logiciels libres, le mouvement mondial de l’ouverture des données publiques se développe à grande vitesse. Un marathon international de hacking, ou "hackathon" est d‘ailleurs en train de s’organiser pour le 4 décembre (voir ici). Rennes, Nantes et Marseille font partie des participants (la liste complète est ici). |
L'ouverture de données publiques prend différentes formes en France. Rennes et Paris ont choisi de lancer le processus de manière autonome, tandis que Bordeaux, Montpellier, Marseille ou encore Toulon vont s'appuyer sur la Fing (Fondation internet nouvelle génération) qui a mis en place un plan de transition progressive. L’association, particulièrement active sur l’Open Data, organise d’ailleurs une rencontre européenne à Rennes le 29 novembre, intitulée "Ouverture et réutilisation des données publiques : que se passe-t-il au niveau local en Europe ?" À Nantes, faute de soutien public, l'initiative sera citoyenne (voir notre Espace fumeux).
Rennes a ainsi décidé de suivre l'exemple de New York ou de la Banque mondiale (entre autres) : la mise en place d'un libre accès aux fichiers issus du réseau de transports (Keolis Rennes) et de la vie associative donne lieu à un concours récompensant les meilleures innovations. Baptisé "Rennes Métropole en accès libre", il est ouvert entre octobre 2010 et avril 2011 et est doté de 50 000 €. De quoi encourager les développeurs à se triturer les méninges pour inventer des applications véritablement innovantes, et cela ne pourra que favoriser la compétitivité des entreprises locales sur le champ du numérique. Rennes montre la voie de la sortie de crise… 2.0.
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1 Un concept repris notamment par le site www.regardscitoyens.org, à l'origine de l'instructif comparatif des députés de l'Assemblée nationale www.nosdeputes.fr, qui se définit comme un "observatoire citoyen de l'activité parlementaire".
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Pour en savoir plus… Les présentations de Libertic : www.slideshare.net/libertic La rencontre européenne organisée par la Fing : http://fing.org/?page=evenement&id=238  L’open data en action… À Rennes : www.data.rennes-metropole.fr Pour la Banque mondiale : http://appsfordevelopment.challengepost.com Aux États-Unis : www.data.gov Au Royaume-Uni : http://data.gov.uk |